Cocteau : " Ce que le public te reproche, cultive le: C'est Toi"
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Si j'imagine le livre de ma vie, c'est facile:
J'ai déjà les images, il ne reste plus qu'à emmagasiner à l'envi les souvenirs et réflexions qu'évoquent mes peintures. Comme cette première page de mon book par exemple.
Il n'est pas encore bien épais mais toujours ouvert, j'aimerais bien qu'il réserve encore des surprises. Après le roman photo, pourquoi pas le roman peintures?
Hors modes, je reste contemporaine puisque vivante
Pour survivre j'Exprime
j'Extériorise
j'Explore
j'Expose
A Paris je veux Exposer
Comment j’ai réussi à dompter mon prénom
C’est l’hiver, il fait froid. Mais je remonte mes manches, je ne porte pas de col montant. Je suis prisonnière dans ce type de vêtements. Je mets une écharpe qui vole librement au vent.
Si beaucoup de gens s’embarrassent d’impedimenta vestimentaires c’est qu’ils y trouvent une sorte de refuge. Untel descend sa capuche sur ses yeux et avance en fixant le sol. Un autre étire les manches de son habit jusqu’au bout de ses doigts. Ainsi fonctionne l’évitement de l’autre, que ce soit par le regard ou la poignée de mains.
Las, je me sens acculée, coincée, sourde et mutique sans le moindre couvre-chef fut il le bibi le plus coquin.
J’ai tendance à penser que ce qui me tyrannise réside en vérité dans le carcan d’un double prénom qui m’est tellement étranger qu’il me ligote dès que j’ouvre un œil le matin.
C’est comme une camisole de force. Tout m’enserre et me bloque. L’essence religieuse que dégage le premier nom : Marie. Alors je lutte. Heureusement se dresse là le i magnifique et salvateur d’Imagination.
Hélas, cette lettre d’exception est bousculée par la démarche vacillante d’un Claude. Non seulement il ne sait pas où il va avec ce prénom malencontreusement devenu épicène, mais il semble vouloir mener tout le monde à la baguette des conventions avec sa canne. Alors, pour balayer ma gaucherie et ma timidité, comme les gosses, avec l’Imagination, je transforme cet accessoire parasite mais heureusement invisible en pinceau de Création, l’initiale de Claude se mettant ainsi à mon service comme le I de Marie.
Il est des civilisations où l’enfant se choisit un nom. A défaut j’ai appris tardivement à choisir de garder le mien d’autant que ses initiales le valent bien. On aime le courage serti dans le cœur du M.

LE PRENOM
huile sur carton entoilé
18x 27 cm
janvier 2019
huile sur carton entoilé
18x 27 cm
janvier 2019
Non Reconnaissance
La non reconnaissance est le fléau du siècle. L’indifférence parangon de paresse intellectuelle et de passivité fait pâle figure à ses côtés. Au contraire la non reconnaissance est volonté d’action et travail perpétuel pour éliminer l’autre, celui qui risquerait de prendre la place. Destructrice, elle s’érige en grande faucheuse de la personnalité.
Dans la pyramide éternellement en construction de l’ascension sociale, chaque individu, quelle que soit sa place et ses capacités, est tiré par les cheveux par un autre au-dessus de lui, lui-même manipulé du dessus par les ficelles du piètre pantin qu’il est. Le polyèdre n’est jamais achevé et ne peut être couronné de son pyramidion parce que celui que l’on croit être l’ultime régisseur trébuche au sommet pour finir écartelé par des contingences diverses. Comme Sisyphe, il a toutes les chances une fois en vue du sommet de voir son rocher débouler la pente jusqu’en bas et devoir repartir à zéro.
C’est peu dire que réussir à intégrer les fondations de cette Tour de Babel peut déjà être considéré comme un exploit. Beaucoup n’y accèdent même pas, cohortes d’esclaves portant les lourds matériaux nécessaires à l’élaboration de l’édifice à la sueur de leur SMIC ou de leurs recherches d’emploi infructueuses.
Se multiplient dans notre société les malades affamés de justice qui finissent en épaves passives gavées de méditation et psychanalyses, les paranos persuadés qu’il y a complot. Il y a les fous de dieux, peu importe la divinité dont ils se réclament laquelle peut aussi bien être un jeu de guerre virtuel. Comment alors s’étonner du terrorisme qui sape l’érection de cette tour de Babel tant désirée dans laquelle tout le monde se piétine.
Et puis, comme aurait pu le formuler certain chanteur célèbre, il y a les artistes, pas n’importe qui gagnant des fortunes sur des assemblages hétéroclites au goût du jour, les vrais, les authentiques. Ces chevaliers sans peur et sans reproche qui pour autant qu’ils suivent sagement la règle du métro, boulot etc. pour survivre, ne risquent pas de faire dodo tranquillement. Ils en deviennent insomniaques. Non reconnus, ils se droguent d’inspiration, ils « tachycardent » au rythme de leurs idées. Ces gens-là peignent, sculptent, écrivent, créent comme ils respirent. Las, on ne les voit pas, on ne les entend pas. Ils ne défrayent pas les chroniques dans ce monde infâme d’hypocrisie et de mauvaise foi, puisqu’ils ne s’inscrivent dans aucune mode, n’acceptent aucune compromission de copie de courants artistiques en vogue et de toutes façons n’ont pas les moyens de payer leurs expositions. Heureusement, on pourrait dire qu’il existe une sorte de « mystique de l’athée », ce, je cite le dictionnaire, « dévouement non raisonné à quelque chose », en l’occurrence à l’Art. Tout simplement parce que l’être humain s’assimile à dieu lorsqu’il puise dans les tréfonds de son imagination sans cesse régénérée. La bonne FOI risque alors peut-être de l’emporter sur la mauvaise foi.

Et la chrysalide devint papillon
La cicatrice brune de chaleur de vie est là sur l’épaule droite. Encore palpitante elle est comme un tatouage imaginaire de cette époque d’embrasement où elle crépitait de rêves et d’idées sous la morsure brûlante d’une bouche adorée. A dorer plus tard sous les pinceaux pour la rendre plus charnue et plus dévorante encore que dans son souvenir. Observez le cou. La douleur remonte comme un lien de feu accompagné de sa poigne de cendre jusqu’à quasiment étouffer la chrysalide qui doit devenir femme. Celle-ci, affolée par ce handicap mutique qui la terrasse travaille pourtant désespérément à exsuder par tous les pores de sa peau ses révolutions et les sentiments qu’elle est incapable de sortir de sa carcasse. Voyez les rouges et les jaunes en vibrations chromatiques. La bouche ferme et volontaire aux lèvres serrées s’applique à pousser l’impulsion respiratoire par le nez. Ce n’est pas par hasard que le dessin de cet appendice est dans le prolongement du front. Le profil grec permet d’accéder directement au cerveau et à ses trésors de ressources.
L’œil ne se contente plus de percevoir. Il trouve sa volonté, son regard. Les flammes de réflexion et de création réussissent enfin à s’échapper vers d’autres horizons pour donner naissance à de nouveaux arbres de vie.
Ce n’est qu’un début car l’autre œil est encore sous la pression de la lutte pour parvenir à voler de ses propres ailes.
La chrysalide devient papillon, le processus de transformation et d’expression est engagé. Rien ne l’arrêtera plus. Les cendres grises sont du côté du passé et se disperseront sous la force du regard qui n’hésite plus à s’embraser et monte vers des cieux originaux et variés libérés des codes et des modes : L’escalade vers l’être.

Invitation au voyage "from Paris to New York"
« Chaque tableau raconte une histoire », c’était le thème de la dernière Exposition. Aucune création humaine n’est anodine, anecdotique peut-être mais jamais totalement dépourvue de sens, dût-elle être à base de crotte d’éléphant ou un agrégat de couleurs résultant de la queue d’un âne balayant une toile, poussé qu’il était par une bande de joyeux drilles. L’animal, lui, a juste balloté de la queue et grignoté des dents mais les drôles eux, animés par l’ébullition constante des atomes de leurs cerveaux d’humains ont eu l’initiative d’approcher une toile. Certains artistes se font même exploser la tête. Du coup ils ont enfin droit à une reconnaissance, la belle affaire, une fois réduits en poussière. C’est qu’il y a trop plein: idées qu’ils n’arrivent pas à mettre en forme, à Exprimer. Impressions qu’ils transmettent certes directement à leurs outils, leurs pinceaux, qui coulent de source mais qui sont inEXportables. Sans doute parce que trop Extra ordinaires, au sens de non orthodoxes, sortant de la routine. Pas forcément belles ou géniales, ces idées sortent des modes et codes du moment. Elles quittent les sentiers battus du classicisme ou du toujours plus minimaliste, de l’abstrait ou de la provocation à tous crins.
Lorsque JE peins, « je » devient « il » ou « elle » s’établissant comme un interlocuteur possible. Car «JE » Extériorise, Exprime au goutte à goutte comme un fruit qu’on presse, au fil du pinceau le fourmillement d’idées et de sensations qui l’assaillent : dans le trait, la couleur, le petit carré par ci , le mini triangle par là. Je rentre dans la toile, plutôt petite. Cela m’amène à mieux disséquer les impressions et le résultat s’apparente alors plus au dessin qu’à la peinture. Je n’ose m’égarer dans les surfaces abusivement gigantesques. Il vaut mieux multiplier les productions. Comme demain est un autre jour, demain est une nouvelle histoire et mon dessein est de parvenir à capter l’œil d’autrui, de le garder vif et curieux. C’est en quelque sorte une invitation au voyage. C’est un périple réel mais aussi virtuel car parsemé d’obsessions et coups de cœur. Paris, ville d’or qui ne dort jamais dans ma tête. New York à l’architecture rugissante qui monte à l’assaut du ciel : je m’y cramponne, fourmi ne cédant rien à ceux qui refusent de regarder mes productions. Provence où je me téléporte allongée sur le dos au paysage crépitant de cigales et autres insectes, les yeux grand ouverts sur le long chemin des souvenirs et envies. D’aucuns Exhalent leur parcours dans l’écriture, d’autres sur la toile, canevas ou écran, D’autres enfin dans la musique. Peu importe de choisir ou de multiplier les genres pourvu qu’on ne reste point sourd et aveugle à l’autre.

French mother waiting for children BC (before catastrophe)
Toute œuvre d’art porte une histoire parce qu’elle est création humaine en accord ou en confrontation avec la nature où le bras, armé d’un ciseau, d’un pinceau ou autre outil, voire d’une arme (eh oui … les arts de la guerre) intervient sur l’ordre des choses.
Ainsi toute sculpture, toute peinture, toute création raconte - t’elle forcément quelque chose quand bien même elle déplairait à tout le monde, qu’elle serait considérée comme un vulgaire bien mobilier ou bien encore comme l’aliment du tiroir caisse.
2001
Le ciel bleu intense permet aux bâtiments de se découper avec une netteté incroyable sur une toile de fond que l’on prendrait pour un décor de cinéma. Plus nous avançons en descendant Broadway plus nous avons l’impression qu’ils grattent le ciel pour le rendre encore plus bleu.
Nous sommes comme aimantées par les deux tours qui sont de sacrées fausses jumelles puisqu’il y en a une qui domine l’autre de 6 pieds, celle dans laquelle nous allons monter. Depuis que nous marchons à partir du pont de Brooklyn, elles nous narguent fièrement. On a l’impression qu’on va pouvoir bientôt les toucher mais il faut encore un bon moment avant d’arriver à leurs pieds. Enfin nous voilà installées dans la queue interminable pour pouvoir aller tout en haut. Hier nous sommes montées à l’Empire State Building. Pas de problème malgré l’appréhension du départ, mais ici c’est différent. Seules mes filles vont atteindre les sommets de l’Annapurna citadin - car le vertige m’est tombé dessus - pas grave - je reste en bas. J’ai le cou à angle droit et je regarde les cathédrales modernes tellement vertigineuses qu’elles semblent se rejoindre tout en haut et qu’on se demande si les avions qui les survolent ne vont pas en abraser une partie. Je passe la main sur les baguettes d’acier soutenant le verre. De loin on dirait des candélabres d’argent portant des milliers de lumières. Je rêve en bas en voyant s’élever les ascenseurs et j’imagine mes princesses là - haut accoudées à la rambarde à l’intérieur des baies vitrées et plongeant leurs regards dans le vide. Verticalité rime avec espérance me dis-je, attendant qu’elles redescendent et mon esprit fait du yoyo avec les ascenseurs.
2001
Flash, bruit, tremblement de terre ?
Impossible : Manhattan est fermement ancré sur un rocher. Une violence et un clair-obscur de beauté éphémère m’enroulent soudain dans un linceul en spirale – plus de bleu – plus d’air éthéré tremblotant en lucioles autour des sommets des immeubles – du gris – de l’épaisseur – plus d’oreilles – plus d’yeux. La bouche en gâteau de cendres qui m’empêche de formuler les sons essentiels : les noms de mes filles Sonia et Lisa, là haut et maintenant projetées dans l’inexistentiel.
11 septembre 2001
France Inter mardi 15 h 05. On dirait qu’ils viennent d’inventer un nouveau feuilleton à la Orson Welles avec arrivée de martiens ou redoutables ennemis. Ils sont forts, ça fait peur mais je ne tomberai pas dans le piège… sauf que – j’ai peur – on a dépassé 15 h et toujours pas de flash info traditionnel. Il se passe quelque chose – Bruit strident. Je suis maintenant en larmes devant l’écran de télévision. Le téléphone. Hurlement : « Maman nous t’avons vue devenir si petite en prenant les ascenseurs il y a 10 jours - t’imaginer en bas nous attendant et nous cherchant partout - l’horreur » Je reste là sur le canapé, tremblante et n’en revenant pas qu’elles aient pensé à moi alors que c’était elles qui se seraient trouvées dans la tourmente du diable – si tout s’était passé 10 jours plus tôt. J’ai dans les mains le petit ours rouge qu’elles m’ont rapporté de là haut. Il a été fabriqué en Chine mais il a bel et bien vécu dans les cieux alors protégés du magasin de souvenirs de la Tour des visiteurs. Il a eu sa ration de visites, de vues sur Central Park, de manipulations par les touristes. Et oui ce petit ours rouge s’est retrouvé “at the top of the world”, c’est brodé sur son Cœur. Au sommet du monde dans ces tours qui représentaient l’avenir et embrassaient l’Océan.
2011 – date à deux bâtons, à deux tours mortes depuis dix ans.
Je retourne souvent à New York avec mon pinceau. Je rentre dans mon tableau. Mes cheveux sont attirés par l’électricité statique du verre et de l’acier.
Je suis là bas.
On dirait que j’ai mon badge : un bijou de turquoise, argent et corail qui aurait pu être offert par un Indien Hopi en visite à Manhattan l’Ile aux collines où vécurent quelques uns de ses ancêtres.
Regardez la toile. Les enfants m’attendent là haut en me tendant la main.
Les découpes des photos prises par les filles ivres de vertige m’appellent vers août 2001.
Le souvenir ne sera jamais mort semble dire mon petit Teddy Bear rouge assis face au tableau.
Nous nous reverrons toujours marchant vers les Twins en zigzagant sur le pont de Brooklyn, feignant d’ignorer le vertige en beuglant « même pas peur, même pas peur ».
Marie-Claude Seguin-Guidez
05 janvier 2012

Désert
Fin des années 50 : c’est la 6ème, classe de toutes les découvertes, de tous les exotismes : le début du bonheur mêlé de souffrance des études.
Grâce au « Lagarde et Michard » de français fabuleusement illustré, je pars en voyage.
Je m’embarque très vite sur le Nil pour visiter l’Egypte d’autant plus qu’on m’y attend pour le cours d’histoire.
Le fleuve est en crue dans la plaine de Thèbes où trônent les deux colosses de Memnon. Je suis très intimidée car mon manuel scolaire préféré me révèle au hasard d’une heureuse comparaison de Molière que les pierres d’un des géants à moitié écroulé émettraient un son évoquant les mélopées antiques en s’échauffant au soleil. Ce vieux livre, fidèle ami resté à mon chevet, raconte qu’il se disait que Memnon saluait sa mère l’Aurore.
40 ans plus tard, atterrissage à Carnac, 3 heures du matin ; rêve = réalité. Abasourdie par la beauté des lieux, je lève les yeux vers un ciel scintillant d’étoiles à l’appel des fleurs de lotus en haut des colonnes. On s’endort au son des trompettes d’Aïda qui s’enroule autour des piliers du temple. Pas pour longtemps. Au lever du jour nous repartons pour concrétiser les mirages du désert.
Sur le chemin nous rencontrons les Colosses de Memnon - déplacés depuis les travaux destinés à sauver le temple d’Abou Simbel des eaux du barrage d’Assouan - les pieds dans l’herbe. Las, malgré l’aurore qui pointe, ils ne chantent plus. Imperturbables dans leur pose hiératique, ils semblent regarder vers l’infini sans s’abaisser à poser les yeux sur les grains de sable parmi les grains de sable que nous sommes.
Mais les djinns sont là. Je suis tellement volontaire pour fixer mes vrais ou mes faux souvenirs de l’Egypte que la sérénité des lieux m’amène à les entendre murmurer l’histoire de ces grains de sable. Ce sont les témoins des siècles colorés de Pharaons et de civilisations tendant vers un infini de beauté et de sérénité.
Allongée dans le sable, laissant le sable couler entre mes doigts j’avance en rêve vers cette harmonie que recherchaient les égyptiens au risque de se brûler les ailes au feu du soleil.

Arbre de vie
Sur le terre plain du jardin juste au-delà de la cour, rien ne poussait jamais. On savait pourquoi : peu de terre pour dissimuler l’énorme rouleau de béton qui avait failli aplatir mon père comme une crêpe lorsqu’il l’avait mis en place dans la fosse creusée à mains d’homme.
Aucun trésor caché là. Juste les secrets honteux qui font que l’homme visite plus souvent les lieux dit « d’aisance » que les lieux sacrés, se voyant ainsi chaque fois renvoyé à sa basse condition d’animal.
Je crois me souvenir qu’un arbuste poussait sur le côté de ce tertre arrondi qui pouvait fort bien passer pour un ancien site religieux celtique ou romain pour des gosses avides de mystère. Tout compte fait, plutôt Gaulois. A Arras nous étions de lointains descendants de la tribu des Atrébates.
Bien qu’ayant entre aperçu ce à quoi mon père avait échappé j’oubliai très vite les origines vulgaires du monticule. Tout dans la tête, la rêveuse princesse des Gaules. A la tombée de la nuit je devenais l’arbre de vie et tendais les bras vers le ciel étoilé. J’alignais mes disciples, mon frère et ma sœur pour exhorter les Atrébates modernes derrière les fenêtres de la gendarmerie donnant sur le jardin et les sommer d’allumer les lumières. Le rite incantatoire de trois enfants qui s’ennuyaient et rêvaient de découvrir le monde se mettait ainsi en place chaque début de semaine…
Depuis, l’Arbre de Vie a fleuri et donné de très beaux fruits : déjà deux petites artistes en herbe.

L’œil est toujours à l'écoute
Gris, ils vont, se fondant dans la maille de grisaille des modes et des mœurs dont ils ne savent desserrer le joug.
Yeux clos, lèvres serrées, frileusement emballés dans leurs longs manteaux couleur de mauvais temps, ils marchent à l’envers en masse compacte croyant ainsi être plus résistants à la vie du monde.
Régiments sourds à la planète ils ne voient pas les humains qui habitent la vie. Gare à ceux qui dérangeraient leur sommeil ouaté par leur anticonformisme : ils pourraient être emportés par un tsunami implacable de conventions et de médiocrité.
Dos à dos avec ces plus morts que vivants il est des êtres dont l’œil est toujours à l’écoute .Paul Claudel, grand découvreur du phénomène s’enthousiasmerait de constater que d’aucuns ne dorment jamais face au volcanisme des hommes et de la planète. A une oreille attentive à toute rumeur répond l’œil avisé et avide de sensations. De passif il devient actif par le regard et peut chercher à transmettre à travers l’art non seulement « toutes les nuances de gris » mais aussi bien plus dans le « chromatique ». Il décide alors de s’octroyer sans discrimination de styles, de modes et de codes toute la gamme des feux d’artifices n’hésitant pas à braver les terrorismes culturels. Toujours à l’affût il ne se refuse rien. Il peut aussi plonger dans le noir et le blanc. Ce n’est pas facile mais il sait qu’il est des pays comme le Portugal où le noir est couleur.
Comme le jour et la nuit, le blanc et le noir ne s’opposent pas : ils tournent en ronde de nuances et de teintes pour se fondre insidieusement l’un dans l’autre.

Attention aux femmes peintres
Ils ne pouvaient prétendre être malheureux. Pauvres, ils vivaient totalement repliés sur eux-mêmes dans une maison d’apparence bourgeoise avec jardin. Leurs parents s’arrangeaient pour qu’ils ne manquent de rien. Ce n’était pas une nuit profonde peuplée de cauchemars comme d’aucuns la vivent. C’était une enfance qu’il fallait prendre par la main, une enfance qu’il fallait sans arrêt habiller de petits bonheurs car si terne, si isolée qu’elle cherchait des lumières dans la grisaille perpétuelle pesant sur la vie d’alors
Nous les enfants vivions dans le monde onirique des livres empruntés à la bibliothèque et c’est ce qui nous a sauvés. Nous nous sentions quand même emmurés dans le trop petit jardin où je faisais régner l’ordre et la domination grâce à la magie du verbe. J’avais le pouvoir parce que je le prenais. Qu’en était-il des autres et de leur enfance ?
Aujourd’hui faites attention,
je reprends le pouvoir :
Je suis une femme peintre
et j’en ai plein la tête.
Ils ne pouvaient prétendre être malheureux. Pauvres, ils vivaient totalement repliés sur eux-mêmes dans une maison d’apparence bourgeoise avec jardin. Leurs parents s’arrangeaient pour qu’ils ne manquent de rien. Ce n’était pas une nuit profonde peuplée de cauchemars comme d’aucuns la vivent. C’était une enfance qu’il fallait prendre par la main, une enfance qu’il fallait sans arrêt habiller de petits bonheurs car si terne, si isolée qu’elle cherchait des lumières dans la grisaille perpétuelle pesant sur la vie d’alors
Nous les enfants vivions dans le monde onirique des livres empruntés à la bibliothèque et c’est ce qui nous a sauvés. Nous nous sentions quand même emmurés dans le trop petit jardin où je faisais régner l’ordre et la domination grâce à la magie du verbe. J’avais le pouvoir parce que je le prenais. Qu’en était-il des autres et de leur enfance ?
Aujourd’hui faites attention,
je reprends le pouvoir :
Je suis une femme peintre
et j’en ai plein la tête.